dimanche 23 septembre 2007

La démocratie et la crise tchadienne



D'aucuns évoquent, à son propos, l'image du général Franco et son équipe gouvernementale. M. Idriss Deby n’est pas le contraire du colonisé qui vendrait pour une chanson les ressources du Tchad à un ami camerounais puis aux maîtres américains du cynique valorisant l'ignorance et la misère entretenue au Tchad. Soutenu par quatre pays dont deux du nord et deux du sud, le réactionnaire du 1er décembre 1990 a braqué le pays contre l'évolution des moeurs et les exigences de justice. Si évoquer le départ de I.Deby n’est pas fortement soutenu, la tentation d’imposer la vraie paix au Tchad demeure moins forte en Occident. C’est que l’équipe actuellement au pouvoir, à bien des égards, en prend large contre la démocratie qui en réalité n’existe pas pour d’autres peuples. I. Deby est bel et bien soutenu à bout de bras par ceux –là qui ne croient pas dans l’Afrique. Dialogue inter tchadien sans exclusive ou réconciliation nationale cela ne change rien au malaise qui traîne en son sillage, le sort de millions d’humains qui vivent au Tchad, une fois les caméras éteintes et les accents cordiaux dissipés.

Il y a, chez le fondateur du MPS, un esprit de meilleure crapule, d’imposteur et de provocateur. La démocratie en est plus injuriée, aujourd'hui, qu'au temps d'hitler. L’assemblée nationale du Tchad, malgré la présence de nombreux analphabètes élus ou nommés, le suffrage universel n' a jamais été réalisé avec intégrité et droiture. La situation des femmes, des jeunes,des enfants, des travailleurs et les exigences démocratiques sont aujourd’hui, après dix sept ans de pouvoir, encore plus balbutiantes que jamais. Hors les campagnes électorales, le Tchad, sous le règne Deby, rend compte aux caisses occultes plutôt qu'au peuple, les sondages ne sont pas encore nés pour infléchir les impulsions des élus, les médias et leurs tribunes n'en sont pas de masse. Quant à la société «participative», avec ses mille manières d'associer les citoyens aux organismes publics qui les encadrent, n'est même pas prévisible. L'autorité de M. I. Deby, aussi brutale qu'elle l'est, s'accorde à l'ordre alors établi, avec ses hiérarques et ses plébéiens. Cette excessive autorité et cette brutalité digne de l’homme des cavernes qui l’accompagne font du Tchad un pays très peu à la mode. La façon de gouverner de M. I. Deby nous ramène pourtant, et trop souvent à croire que le Tchad d’aujourd’hui est très inhospitalier car il suscite beaucoup d’inquiétude.


La crise actuelle confirme avec éclat le goût pour le gouvernement Deby de droit divin. On l'a vu adopter des décrets en enfilade, sans le moindre avertissement ou débat préalable. Confronté par la presse, il a commencé par s'impatienter de toute question où il invoque l'urgence d’une offensive militaire, alors que l'objet de ces décrets dépassait de loin les exigences de l'après-tempête. Pire, il invoque souvent le «développement du Tchad», vaste couverture de tous ses actes durant ces jours agités, chèque en blanc qu'il aurait été choquant, de ne pas lui consentir. Ce comportement est le même qui lui fait hausser les épaules quand on lui rappelle qu' il n'a pas de mandat pour gouverner le Tchad, comme nous ne cessons de le répéter ici . Un mandat électoral, c'est le fondement même de la démocratie. Dans son cas, la carence est double: d'une part, il n'a jamais été régulièrement élu par les citoyens de sa région et les Tchadiens ne l'ont jamais choisi comme président; d'autre part, le gouvernement du Parti MPS a été porté au pouvoir en Mai 2006 avec un programme qui a brillé par son absence. Le Parti Libéral du Tchad l'a suggéré au lendemain des résultats des élections de Mai 2006, qu’un véritable démocrate aurait pu prendre quelque temps pour évaluer l'état des lieux, pour se donner un programme, mais il aurait ensuite requis l'appui des électeurs pour le mettre en oeuvre.


Pour défendre l'absence de scrutin, position certes autocratique, son parti et ses amis se sont appuyés sur un semblant de sondages pour affirmer que le peuple ne veut pas d'élections, que M. I Deby est de loin son favori, et que le programme économique et social proposé par le MPS passe la rampe. Réponse indigne, surtout venant de gens qui font la leçon à leurs adversaires politiques sérieux, quand ce n'est à la loi électorale, au nom des exigences morales de la démocratie. Tous les périls d'un pouvoir trop personnel guettent ce gouvernement au surplus conforté par la faiblesse et souvent l'insignifiance des partis d'opposition. Ses succès sont certains car la machine de la remise en ordre des finances publiques et des quelques réformes corollaires grince mais avance puisque le Tchad des années 2000 fait partie des pays émergeants, la gestion de crise a été dans l'ensemble remarquable et parfois exemplaire, l'hostilité tchadienne postcoloniale n'a pas réussi à épuiser l'espoir de changement, l'énergie générale ne manque pas (sauf dans le réseau électrique..).

Mais si ces résultats s'obtiennent au prix d'une régression des valeurs de citoyenneté, d'un lien infantilisé entre les électeurs et les dirigeants, d'une réduction des mécanismes reconnus d'information et de consultation, du recours à la démagogie, d'un déficit démocratique, en somme, nous aurons beau nous réjouir de nos démonstrations de force, nous n'aurons bâti que de l'éphémère.



MIKA-LELITA YONDOLOUM
Président du Parti Libéral du Tchad
http://parti-liberal-du-tchad.blogspot.com


Tchadiennes, Tchadiens, rejoignez le
Parti Libéral du Tchad,
le parti des Droits et Libertés :
Paix, Éducation, Emploi et Prospérité,
pour le vrai changement :
Prospérer au Présent et Investir dans l'Avenir

Forum de réconciliation nationale ouvert à tous
http://www.pltchad.com/forum-politique-tchad/index.php

Aucun commentaire: