mercredi 8 août 2007

UNE LETTRE « Cachez ces Sudistes...» CIRCULE…

Trois Nordistes sur quatre pensent que les Sudistes sont plus
aptes à assainir les finances publiques, à moraliser les insti-
tutions, à reconstruire le Tchad, à former les futures élites
du pays, à soigner les malades, à participer au rayonnement de
notre pays sur la scène internationale à travers les activités
culturelles, artistiques et sportives, etc. La même proportion
doute en revanche de la capacité des Sudistes à reprendre la
gestion politique et socio-économique de notre pays. Le quart
restant des Nordistes refuse d’entrer dans les considérations
géographiques et croit que ni la bêtise ni le génie ne peuvent
être le fait ou l’œuvre des seuls Sudistes ou des seuls Nordistes.
Cette petite statistique ne repose sur aucune étude scientifique.

Elle est établie sur la base de simples idées reçues constatées
au travers des discussions entre compatriotes sur le devenir de
notre pays. Elle témoigne néanmoins de notre véritable état
d’esprit de Nordistes.
Dans nos diverses discussions informelles entre Nordistes,
l’intelligentsia tchadienne est au Sud. L’essentiel des person-
nalités tchadiennes célèbres l’est aussi. Pour constater cette
réalité, il suffit de ne pas simuler la cécité. Les Sudistes
sont partout nombreux, dans les administrations publiques, la
police, l’armée, la gendarmerie, à la Justice , dans les hôpitaux,
les écoles, à l’Université, à la télé, à la radio, dans les
banques,les travaux publics, les plates-formes pétrolières, dans
les Institutions internationales, etc. Tout ou presque repose
encore aujourd’hui sur leurs épaules. Aucune institution, aucune
administration ne peut efficacement fonctionner sans leur parti-
cipation active. Les moins connus d’entre eux nous ont notamment
formés de la maternelle à l’Université.

Les plus illustres
s’appellent NDoram Japhet, Kaltouma Nadjina, Nimrod, Masdongar,
Nocky Djédanoum, et même MC Solaar. Certains sourient certainement
de l’étendue limitée de cette liste. Encore faudrait-il sourire de
la rareté d’illustres personnalités issues du Nord du pays. À moins
peut-être de prendre un décret en Conseil de Ministres pour attribuer
valeur de « célébrité » afin de rééquilibrer la répartition des
personnalités en fonction d’appartenance géographique comme il
est maintenant d’usage dans l’administration civile et militaire
de notre pays, il me semble évident qu’en la matière le Nord est
largement déficitaire. Le cinéaste Mahamat Saleh Yacoub ne peut
combler à lui seul le fossé.

En regard de cette formidable certitude largement partagée par les
Nordistes, une autre certitude, assez négative celle-là, n’est pas
moins largement partagée : les Sudistes ont la couardise dans la peau.
L’appellation « Laoukoura » qu’ils se sont donnée eux-mêmes en guise
d’autodérision ne contient-elle pas une part de vérité ? Laoukoura
signifie « un Sudiste qui exécute le travail d’un responsable Nordiste
intellectuellement incapable ». Plus généralement, tous les Sudistes
sont des Laoukoura. En conséquence, tous les Nordistes sont des
incapables. Même si cette vision des choses est un peu excessive,
la proportion des responsables Nordistes intellectuellement incapables
dans l’administration suffit à asseoir la réalité des Laoukoura.
Malgré l’importance de leur formation, les Sudistes demeurent
donc de simples exécutants. Cette situation paradoxale où ceux
qui ont plus de diplômes sont confinés à des tâches subalternes
et ceux moins ou pas du tout instruits occupent les postes les
plus prestigieux est une particularité tchadienne.

Pourtant, tout porte à croire que les Sudistes se complaisent
dans ce rôle de Laoukoura. Voilà ce qu’on peut relever dans les
discussions entre Nordistes : « Les Sudistes ne dénoncent jamais
les insuffisances, même les plus criantes, de leurs responsables
hiérarchiques, acceptent toutes les humiliations, se montrent
condescendants et n’hésitent pas à se trahir mutuellement pour
plaire à leurs supérieurs Nordistes ». En somme, des compatriotes
sans personnalité, sans caractère et surtout sans courage. Si la
peur de mourir sous les balles d’un forcené nommé Préfet ou sous-
préfet par népotisme explique, pour certains, le manque de courage
des compatriotes sudistes, il est amusant de noter que pour les
fanatiques ignorants, « l’appartenance à une des ethnies du Sud
soumet de fait aux Nordistes par la volonté de Dieu des musulmans ».
Des explications d’ordre pratique ne sont pas du reste. Il est des
compatriotes qui croient dur comme fer que les Sudistes n’ont aucun
sens de responsabilité et peuvent se montrer parfois indignes des
postes auxquels ils sont affectés.

Avec un ami cher de ce nom, on s’était posé la question de savoir
« pourquoi les Sudistes ne sont-ils jamais associés aux différentes
négociations politiques avec les politico-militaires ? ». Une réponse
assez hasardeuse conduirait à voir dans cette mise à l’écart,
le manque d’implication directe des Sudistes dans les conflits
entre Nordistes. Elle est bien hasardeuse puisque les discussions
politiques du Gouvernement avec les rebelles intéressent les
Tchadiens dans leur ensemble sans distinction basée sur l’appar-
tenance géographique. Aussi, en principe, seule l’aptitude à la
négociation sans considération ethnique est-elle à privilégier.
Une autre réponse fondée sur des idées reçues incite à voir
dans cette mise à l’écart ni plus ni moins qu’un manque de
considération pour nos compatriotes Sudistes.

En effet, il est peu douteux que les politico-militaires
refuseraient de se mettre autour d’une table de négociation
avec un certain Nagoum Yamassoum ou encore avec Houdeingar
David. On ne discute pas avec des Laoukoura. D’ailleurs,
au temps où il était encore en rébellion avec le FUC, Laouna
Gong Raoul, actuellement ministre dans le Gouvernement de Kassiré,
m’avait assuré s’être fait traiter d’ « assujetti », lors d’une
rencontre au Soudan, par un des responsables politico-militaires
aujourd’hui en négociation à Tripoli. De même, nos compatriotes
militaires sudistes sont rarement envoyés sur les terrains des
combats malgré leur aptitude reconnue par les différents grades
obtenus. S’ils y sont envoyés c’est, sinon pour servir de chair
à canon, du moins pour « préparer le thé et servir à manger aux
vaillants combattants » entend-t-on dire souvent dans les
discussions.

Certes, il y a une part d’imagination dans ces idées reçues
(pléonasme). Néanmoins, nos compatriotes du Sud semblent ne
rien faire pour corriger cette image erronée ou simplement
pour se faire respecter. Partageraient-ils la même approche
sur leur propre condition que les Nordistes ? Si tel est le cas,
l’affirmation selon laquelle « il n’y aura jamais plus un Sudiste
au pouvoir au Tchad » sera une réalité. Ce sera alors bien dommage
pour notre pays.

Lyadish AHMED , Ialtchad Presse
Poursuivre le débat sur
http://lyadish.over-blog.com/



2 commentaires:

Anonyme a dit…

Que devons-nous faire pour améliorer cette image qui nous colle à la peau (la couradise décrite par lyadish)? Je crois qu'il est temps de s'exprimer clairement sur notre conditions. Nous sommes les plus nombreux et on se laisse dominer par une minorité qui croit qu'elle est la seule à savoir utiliser les armes pour se maintenir au pouvoir.

Anonyme a dit…

La course aux intérêts égoïstes déchire le Tchad.
On remarque ce dernier temps que les Tchadiens sont de plus en plus préoccupés par l’avenir de leur pays. Plusieurs d’entre eux dénoncent avec entrain la situation sociopolitique qui prévaut au pays par des écrits sur les sites et blogs divers. Il s’agit d’initiatives louables, même si d’autres utilisent ces tribunes pour des fins moins édifiantes.
Lors de ma récente balade sur lesdits sites, j’ai eu à noter plusieurs articles remarquables entre autre celui d’un compatriote intitulé « Cachez ces Sudistes » et je tiens à reconnaitre qu’il renferme incontestablement une part de vérité. C’est un véritable appel à la prise de conscience chez les sudistes humbles et conscients. Les exaltés l’interpréteront comme un assaut contre les sudistes. Ce n’est certainement pas l’intention de l’auteur. Du moins, je crois.
Malheureusement l’auteur n’a pas pu, hélas, résister à la tentation, comme tout le monde, de sombrer dans les verbatim tendancieux: Le Sud versus le Nord .Quel dommage! Alors qu’en intellectuel, on s’entend à un discours plus objectif que celui-là. Mais bon là n’est pas ma préoccupation première.
Le plus flagrant, c’est qu’un lecteur averti, se perd en le lisant, car il s’est adonné, une bonne partie de son texte à un exercice de déploiement de ses états d’âmes et ses opinions personnelles sur les Sudistes. Pour preuve, il ne cite aucunement les sources de ses prétendues études. Si la statistique avancée ne repose sur « aucune étude scientifique » comme il l’a mentionné, pouvait-il au moins avoir l’obligeance nous fournir la taille de son échantillon. Est- il représentatif?
Ensuite, il semble privilégier la voie du règlement par les armes et déplore le manque d’implication des sudistes aux cotés des politico-militaires. Notre compatriote, en brave nordiste nous sensibilise t-il, à nous emberlificoter dans la rébellion, le premier refuge des « vaillants »? Comme si c’était là la seule alternative pour asseoir une véritable démocratie dans notre pays. Mais, il ignore que la rébellion est devenue une simple forme de chantage pour soutirer l’argent de tous les tchadiens de la caisse de l’État. Il ne s’agit que des organisations ethnico- mafieuses en œuvre dans notre pays. Et pire, au nom de la rébellion, on soustrait à l’éducation et aux familles des jeunes mineurs innocents pour se faire martyriser dans les grottes par leurs propres frères en activités dans l’autre camp. On inculque, ensuite aux jeunes survivants la culture de la violence, de la haine et du rejet de l'autre. Et tout cela, pour une simple finalité : assouvir les revendications intestinales et régler des démêlés purement ethnico-ethniques. Si cette pratique s’appelle de la bravoure chez les Nordistes, j’en suis profondément consterné. Rendre un hommage mérité à la bravoure à ces éternels rebelles est-il le chemin royal pour en découdre avec les cataclysmes de notre pays? Il me semble qu’instaurer un changement dans un pays exige plus qu’une simple preuve de courage. Citez- moi, dans ce labyrinthe de groupuscules armées un seul leader ayant un programme DE DEVELOPPEMENT pour le Tchad dans sa globalité et un discours rassembleur si ce n’est que le même leitmotiv que tout le monde connait : Se débarrasser d’Idriss Deby et faire (ENCORE) de la richesse du Tchad leur patrimoine familial.
C’est par la faute de ces rebelles qu’Idriss Deby assigne les immenses revenus pétroliers du Tchad à la course aux arsenaux militaires au détriment de la lutte contre la pauvreté CRIANTE qui paralyse le pays dans son ensemble. Est-ce qu’on ne peut pas, pour une fois, régler les problèmes du Tchad par le dialogue, comme dans certains pays civilisés d’Afrique, tels que le Bénin, le Mali, le Burkina-Faso et le Sénégal, par exemple?
Si l’on souhaite inscrire un jour le Tchad au concert des nations, à l’ère de la démocratie et de la mondialisation des marchés, il nous faut bien ces Laoukoura partisans du changement sans effusion de sang d’innocents. Le Tchad est sans doute le premier pays en Afrique qui a le taux de rébellion armée le plus élevé et le plus patent. Ce n’est certainement pas un record qui glorifie notre chère patrie. Pourquoi les investisseurs étrangers désertent-ils le Tchad d’après vous?
Si on laissait les intellectuels faire les choses, on instaurerait mieux les assises démocratiques dans notre pays et le développement sera au rendez-vous. Qu’en dites-vous?
En passant, si le langage des armes constituera désormais le seul moyen d’accession au pouvoir, je suis prêt à parier que le sudiste ne l’héritera plus jamais. Cependant des millions de familles Tchadiennes seront endeuillées et nos milliards s’envoleront en fumée à cause de la rébellion armée. Voilà ce qui sera vraiment dommage.
Sew de Séwé