vendredi 15 février 2008

Etat d urgence au Tchad - Est-ce la bonne solution ?



L'état d'urgence est instauré à partir de vendredi 15 février sur toute
l'étendue du territoire du Tchad, selon un décret du Président tcha-
dien Idriss Deby Itno qu'il a rendu public jeudi soir.Selon les termes
de ce décret présidentiel, pris sans consulter les membres du
Parlement, "il est institué à compter du 15 février à partir de 00H00
l'état d'urgence sur toute l'étendue du territoire de la République
du Tchad". Malgré l'accalmie qui règne partout depuis plusieurs
jours et en dépit du fait que le Gouvernement assurait la population
qu'il maitrisait parfaitement la situation et contrôlait
toute l'étendue du territoire, ce régime est manifestement aux abois
et craint fort pour sa survie, tellement il est honni par l'ensemble
des populations tchadiennes.


Depuis le 6 février, le couvre-feu était déjà en vigueur de 18 heures
30 à 6 heures du matin, dans la capitale N'Djamena et dans certaines
régions sensibles, le Chari Baguirmi, Hadjer Lamis, Guera, Batha,
Salamat, Ouaddai et Wadi Fira. Il est maintenant élargi à l'ensemble
du territoire de 00H00 à 06H00. De plus, l'état d'urgence permet de
"contrôler la circulation des personnes et des véhicules" en tout temps
et en tout lieu.

Par ailleurs, il est précisé que "les gouverneurs des régions doivent mo-
biliser tous les moyens humains et matériels disponibles en vue de ramener
l'ordre public". L'état d'urgence autorise également "les perquisitions à
domicile et le contrôle de la presse publique et privée".

Ce qui ne laisse rien présager de bon quand on connait la nature du
régime MPS qui, malgré toutes ses belles promesses, viole régulièrement
les droits et libertés des personnes, fait régner un climat de peur et de
terreur depuis plus de 17 ans, n'hésite pas intimider de diverses manières
les journalistes et leaders des partis politiques démocratiques, et qui va
jusqu'à arrêter arbitrairement et même kidnapper et séquestrer dans des
lieux inconnus ses opposants les plus pacifiques : Kelleypèté Dono,
secretaire général du Parti Liberal du Tchad (PLT), Lol Mahamat Choua,
président du Comité de suivi de l'accord du 13 août 2007 en vue du renfor-
cement du processus démocratique au Tchad, Ibni Oumar Mahamat Saleh,
porte-parole de la Coordination des Partis politiques pour la Défense de la
Constitution (CPDC), Ngarlejy Yorongar, député et président de la Fédé-
ration Action pour la République (FAR), etc., et plein d'autres personnes
qui ont mystérieusement disparues.

Cette décision volte-face du président Deby est pour le moins surprenante.
Certes, elle se comprend car elle intervient à la suite de l'attaque d'une coa-
lition de 3 groupes politico-militaires qui a failli le renverser au cours de la
violente bataille qui s'est déroulée du samedi 2 au lundi 4 février au matin
dans la capitale tchadienne.

Mais, suite aux diverses pressions et appels à la paix et au dialogue de l'ONU,
de l'UA, du Congo-Brazzaville, du Gabon, de la France, des Etats-Unis et
d'autres pays amis, le mardi 5 février, les rebelles tchadiens, qui contrôlaient
pourtant presque toute la capitale tchadienne à l'exception du Palais rose,
ont fait savoir qu'ils acceptaient le cessez-le-feu proposé par le dirigeant
libyen Mouammar Kadhafi, selon ce qu'a rapporté l'agence de presse
libyenne Jana.



Au cours d'un entretien téléphonique, le principal chef de la rébellion
tchadienne, Mahamat Nouri, a déclaré qu'il acceptait "un cessez-le-feu
et les négociations pour l'application de l'accord de paix de Syrte (Libye)"
signé en octobre dernier entre la rébellion et le gouvernement tchadien.
Alors, qu'attend le président Déby pour accepter la main tendue, négocier
une entente fiable et durable et ramener enfin la paix et la sécurité au Tchad?
Et qu'attend la Communauté internationale pour lui faire entendre raison,
l'amener à changer d'attitude et comprendre que la seule et unique solution
pour sortir le Tchad de l'impasse est d'instaurer au plus vite une véritable
démocratie? Les Tchadiens sont las de toutes ces violences à répétition des
uns et des autres et n'ont qu'un seul désir : vivre enfin en paix et en sécurité
dans un pays qui prospère.



Il importe de souligner aussi que les forces rebelles se sont volontairement
retirées pour ne pas faire couler inutilement le sang tchadien, plus particuliè-
rement celui d'innocents civils car l'armée tchadienne avait reçu comme
consigne de tirer à vue et qu'elle tirait effectivement sans discernement
"sur tout ce qui bougeait", selon plusieurs témoignages. A ce propos,
rappelons que "plusieurs centaines de civils", toutes des victimes complè-
tement innocentes, ont été tués dans les combats, comme ont pu le
constater les responsables de la Croix-Rouge tchadienne.



Décréter un état d'urgence ne sert strictement à rien si les causes de
la rébellion et de l'insatisfaction générale ne sont pas rapidement réglées.
Quoique tous les dirigeants, militants et sympathisants du PLT et des autres
formations politiques soient fermement opposés à toute prise de pouvoir
par la force (tout simplement parce qu'un coup d'état militaire est contraire
aux principes fondamentaux de toute démocratie qui repose uniquement
sur la loi des urnes et que de plus il ne résout rien à terme, même s'il serait
populaire, car il ne brise pas le cercle infernal de la violence mais génère au
contraire un esprit de revanche), n'oublions pas qu'un grand nombre de
citoyens ont secrètement salué l'arrivée des troupes rebelles et que certains
les ont même publiquement applaudies.

N'oublions pas non plus que plus de quinze cents rebelles bien armés et
équipés sont prêts à recommencer à tout moment, et très probablement
plusieurs milliers d'autres à les rejoindre, si Deby ne saisit pas l'occasion
qui lui est offerte de faire la paix. Ils ne sont d'ailleurs pas très loin, puis=
qu'ils se trouveraient, selon diverses sources militaires et policières, dans
le sud-est du pays à environ 300 kms de N'Djamena.


Les fanfaronnades du pouvoir en place ne serviront à rien face à une
inflexible volonté, et ce d'autant plus que l'armée tchadienne a montré
son incapacité à se défendre toute seule, sans l'appui ou l'aide de pays
amis de la paix, comme l'a déclaré le 6 février à la presse le Premier
Ministre, Chef du Gouvernement, Dr Nouradine Delwa Kassiré
Coumaakoye. Voir le communiqué de presse http://www.primature-
tchad.org/?2008/02/11/646-le-tchad-a-recu-des-aides-
determinantes-pour-repousser-l-ennemi paru sur le site de la
Primature tchadienne.


Si plusieurs gouvernements, la Libye, la France de Nicolas Sarkozy,
le Sénégal, le Congo Brazzaville de Denis Sassou Nguesso, la Répu-
blique Démocratique du Congo, la République Centrafricaine, le
Rwanda, l’Angola, le Burundi, le Burkina Faso, le Cameroun et
d'autres ont effectivement apporté "leurs contributions de manière
déterminante dans la lutte" soit-disant menée "contre l’agression
soudanaise", ce qui est loin d'être avéré, n'est-il donc pas possible
que tous ensemble ils contribuent également à bâtir la paix, tout
simplement en amenant Deby à accepter de dialoguer véritablement
et de manière constructive avec tous les leaders des différentes
formations politiques et responsables de la société civile?
C'est ce qu'espère de tout coeur le Parti Libéral du Tchad.

Mika-L. Yondoloum
Président du Parti Libéral du Tchad
http://parti-liberal-du-tchad.blogspot.com





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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pour complétez la réflexion sous l'angle du droit constitutionnel, lisez et commentez sur le site LA CONSTITUTION EN AFRIQUE
° Etat d'urgence au Tchad: Déby a-t-il respecté la Constitution?
http://www.la-constitution-en-afrique.org/article-16767751.html
Au plaisir d'échanger