lundi 11 décembre 2006

Faire confiance au génie tchadien

N'Djamena le 11/12/2006
Communiqué de presse du Parti Libéral du Tchad
Vie politique tchadienne/Réforme/Faire confiance au génie tchadien


Faire confiance au génie tchadien


Quelle est la situation du Tchad aujourd'hui plus de sept mois après la très contestée élection présidentielle ? Non seulement le gouvernement tchadien n'a encore rien fait pour améliorer la situation politique qui reste crispée, pour ne pas dire qu'elle est toujours déplorable, mais la situation économique déjà catastrophique empire de jour en jour. Le gouvernement tchadien tarde à prendre la pleine mesure de la situation économique réelle du pays, malgré la multiplication des signaux de détresse : pertes d’emplois en hausse, revenus en baisse, et ce à conjuguer avec les menaces qui pèsent sur le sucre et le textile, et faillite du pays à tous les niveaux… Après l’euphorie du premier semestre caractérisé par de multiples promesses non tenues et fraudes électorales, les autorités politiques du Tchad doivent se remettre en question.


Avoir enfin la volonté de dynamiser le Tchad



Six mois après l’avènement d’une nouvelle majorité politique triomphaliste, il n’y a toujours pas de changement dans l’humeur de la nation et rien n'a été fait pour résoudre les vrais problèmes des Tchadiens : pouvoir gagner un revenu décent, manger à sa faim, avoir de l'eau potable, se soigner correctement, etc., et vivre en sécurité. Les inquiétudes concernant l’avenir économique du pays demeurent intactes. Le décor militaire, seul, continue de préoccuper le gouvernement central. Le Tchad passe beaucoup de temps à faire la guerre et à s’occuper des intérêts privés au lieu de produire des idées constructives (se réconcilier avec tous les partis, stabiliser le pays, etc., et trouver des solutions pratiques pour répondre aux besoins concrets des populations tchadiennes) pour conjurer la crise que nous vivons.


L’optimisme naturel pousse un grand nombre d’entre nous à penser que le pays s’en sortira de toute façon un jour... mais quand ? Le miracle attendu ne saurait s’accomplir sans volonté, ni sans effort et sans sacrifice. Et pour induire cette volonté de se retrousser les manches, il faut une sérieuse remise en cause du rejet gouvernemental du dialogue inclusif. Ce rejet du dialogue sans exclusive est un camouflet qui caractérise l’attitude actuelle du gouvernement sur les questions des réformes institutionnelles, administratives et socio-économiques. Il est important et urgent de procéder à ces réformes démocratiques et de se réconcilier.


Les filets de protection sociale n’existent pas dans notre cher pays. Les quelques rares qui existaient ont sauté un à un. Cela occasionne des chutes qui font très mal car le sucre, les vivres et le textile tombent de haut. Les revenus baissent, les pertes d’emplois augmentent et le Tchad continue de montrer son incapacité de s’affirmer en dynamisant son économie. Par ailleurs, aucune lueur d’espoir n’est perceptible de l’étranger. Malgré certains appels diplomatiques pour une véritable démocratisation, les doutes prévalent sur la volonté réelle des pays amis de soutenir le changement constitutionnel au Tchad, c’est-à-dire d'aider à mettre en place les réformes démocratiques qui s’imposent pour une amélioration de la vie sociale au Tchad. L’agonie annoncée depuis le GUNT en passant par l’UNIR et le MPS s’avère plus douloureuse que prévue.


Pour ne pas être happé par une spirale suicidaire, il faut absolument que les dirigeants aient une claire vision de ce que le pays doit devenir. Il faut fixer des objectifs clairs et précis, déterminer clairement les voies et moyens pour y parvenir et s’engager avec détermination dans des directions bien définies. Cette action devrait avoir pour objectif immédiat de lutter contre le chômage, problème prioritaire du pays. Le gouvernement doit identifier les secteurs qu’il considère comme générateurs d’emplois et se focaliser sur ces créneaux porteurs. A cet égard, les six premiers mois du nouveau gouvernement n’ont pas été utilisés à bon escient.


Chacun s’accorde à dire qu’il faut diversifier notre économie mais encore faut-il fixer un cap. Entre le tourisme, l’agriculture, l’élevage, l'aquaculture, les technologies de l’information et de la communication et le développement des petites et moyennes entreprises, il faut choisir notre futur pôle de croissance et s’y investir à fond.


Le tonnerre qui annonce l’orage


Entre-temps, la situation se dégrade à grande vitesse et de plus en plus. Les statistiques économiques indiquent des tendances inquiétantes. On a l’impression que le gouvernement est inconscient ou léthargique, en tout cas il tarde à prendre la vraie mesure de la situation. L’alliance au pouvoir a eu d’autres préoccupations que la recherche de l’investissement productif en ce début de mandat. Il a cru avec naïveté que sa «diplomatie économique » allait sauver le pétrole et l’agriculture ou l’élevage. En conséquence, il ne s’est pas soucié du tonnerre qui annonce l’orage.


Dans quelques mois, la détresse des demandeurs d’emplois forcera le réveil, un réveil qui risque d'être brutal et malheureusement il est à craindre qu'il sera alors trop tard pour éviter de nombreuses souffrances. Le pouvoir devra alors affronter de manière concrète les premières secousses de la crise économique. Une dizaine de milliers de jeunes partiront à la recherche d’un emploi avec CEPE, BEPC/T, BAC, LICENCE en poche. C’est alors que le MPS prendra conscience du fait qu’il est plus facile de gagner des élections que de soigner une économie malade.


Le tourisme est en général reconnu comme le secteur qui peut le plus rapidement résorber le chômage de part la création d'emplois qu'il induit : création d'hôtels, de restaurants, d'agences de voyage, d'agences de location de voitures, circuits touristiques dans les villages, vente de produits artisanaux, édition de brochures, etc., et il permet de démontrer que le pays est stable et donc d'attirer des investisseurs. Mais l'État continue à louvoyer sur la question.


L’actuel gouvernement tchadien est connu pour être le gouvernement qui ne table pas sur le tourisme comme principal pôle de croissance. Il ne croit pas à une libéralisation rapide de l’accès aérien. Il n’a pas, non plus, les coudées franches pour manœuvrer. Les partisans de la libéralisation « progressive» tels que les députés perdent la bataille face aux tenants de la libéralisation «agressive» des purs et durs tels que le clan au pouvoir.


Les députés sortis des établissements d’enseignement français comme le premier ministre reconnaissent qu’il est futile de continuer à s’opposer au concept du développement durable, mais aucun de ceux là n’est convaincu de devoir accélérer la mise en œuvre des projets relatifs au développement durable. Les économistes tchadiens au sein du gouvernement MPS sont des économistes pragmatiques mais mal à l’aise dans un appareil gouvernemental qui compte des idéologues candides et des défenseurs d’intérêts catégoriels.


Durant les cent premiers jours de règne MPS, c’est le populisme qui a tenu lieu d’idéologie. Le projet de changer notre vie était louable, mais la peur du MPS de manquer à ses promesses faites durant la campagne a conduit à des dérives pouvant compromettre davantage notre avenir. En voulant à tout prix répondre à des attentes impopulaires, le gouvernement MPS a souvent agi avec violence et inconscience. Il s’est laissé aller à des mesures symboliques dont les conséquences seront néfastes. La clanisation de la gestion des affaires publiques, la main basse sur tous les revenus pétroliers, l’insécurité généralisée dans le pays, etc., signalent le retour de l’interventionnisme de l'État.


L’absence du système d’aide sociale aux personnes âgées et du ciblage de la pension de vieillesse met en péril la survie des aînés de ce pays. Alors que tout le monde s'accorde à dire que rien ne va plus et que tout est à réformer dans le domaine de la santé, l’état des hôpitaux du pays ne fait même pas frémir le Chef de l’Exécutif tchadien. La gratuité des transports publics pour certaines catégories de passagers (les écoliers) est un fardeau que les finances de l'État ne peuvent pas soutenir sans dégâts. Les dettes publiques s’accumulent pendant que nous vivons au dessus de nos moyens.


Manque de solidarité


Les cent jours ont ressemblé à une période de liesse pendant laquelle l’opinion a été abasourdie par un déferlement de gâteries de l'État-providence. Mr Deby a surtout entretenu son image de défenseur du petit peuple. C’était pourtant le meilleur moment psychologique pour appliquer les réformes capitales susceptibles de relancer l’économie. Dès que surviendront les premières difficultés concrètes, le gouvernement perdra les quelques soutiens qu'il a dans la société et il sera alors trop tard pour faire passer la pilule de la rigueur et de l’austérité. Un gouvernement fraîchement élu a la légitimité pour entreprendre des réformes audacieuses. A mesure que les échéances électorales approchent, n’importe quel gouvernement se contente de gérer le quotidien sans prendre des risques politiques importants.


En sus des exigences du calendrier électoral, il existe certains autres facteurs qui pourraient bloquer la mise en œuvre des réformes. Le danger pour la majorité actuelle pourrait venir, par exemple, d’un manque de solidarité parmi ses propres troupes. Personne ne peut prévoir comment évoluera l’impatience des backbenchers rouges tels que la famille immédiate et certains autres faucons regroupés autour de Mr Deby. De même, les incohérences idéologiques au niveau du Cabinet peuvent exploser au grand jour si les tendances actuelles se radicalisent.


Durant les premiers six mois de leur mandat, les membres de l’équipe dirigeante ont démontré une incapacité d’agir plutôt égale. Aucun des membres du gouvernement MPS a incarné avec succès l’image d’un leader humaniste et capable de mener le Tchad vers la prospérité, mais il est certain que le gouvernement devra dominer davantage ses pulsions idéologiques s’il entend maîtriser les données de l’économie. L’anachronisme du gouvernement Deby, l’activisme du clan au pouvoir, le conformisme des purs et durs, l’immobilisme de l'Équipe Deby sont les autres éléments qui ont contribué à dessiner les grandes lignes de la personnalité de la nouvelle équipe.


Personne ne fait figure d’exception. Aucun ministère n’a su s’accorder au mieux avec les préoccupations réelles des usagers d’un service public. Du coté de la santé, rien n’a ébranlé la trop fière ministre pour changer la vie de bien des malades grâce à une multitude de petites mesures de bon sens.


Revirement salutaire oblige


Le gouvernement MPS a eu tant de mal à trouver des réponses fortes aux problèmes actuels tout d'abord parce qu’il est prisonnier de ses prises de position, et ensuite surtout à cause de l’intransigeance adoptée depuis décembre 1990. Ses premières actions au pouvoir devaient être conformes à l’image qu’il s’est bâtie dans le maquis. Cette stratégie a permis de laminer les partis d’opposition aux diverses élections et de maintenir une image peu socialisante. Sa bataille politique est certes remportée, mais il lui faut maintenant affronter les réalités économiques, ce qui ne sera pas aussi facile. Le gouvernement tchadien doit redevenir raisonnable et plus sérieux s’il veut gagner aussi bien sur le front économique.


Il est possible que le Président Deby soit combattu car mal compris par ses partisans s’il abandonne sa posture de faucon venu à pied au palais rose. Mais un changement est inévitable. Sa volte-face sur les questions de conscience est une illustration de la nécessaire adaptation à la réalité. Après avoir violemment critiqué les projets de développement durable et intégré, le qualifiant d’apartheid économique, le gouvernement n’a pas institué un comité pour accélérer la procédure de l’octroi des permis aux promoteurs des projets à caractère social. De même, un clone du premier programme de restructuration des sociétés d'État tombées en faillite n’a jamais été appliqué par le pouvoir.


Ces revirements peuvent surgir sauf qu’ils peuvent créer un certain désarroi dans l’opinion. Le manque de lisibilité du projet éducatif est un exemple flagrant de la confusion que peut provoquer un changement abrupt de langage. Qui peut nous expliquer pourquoi l’accès aux grandes écoles et université est réservé à l’élite ou aux seuls membres du clan regroupé au sein du MPS ?


Dans l’opposition, la confusion est encore plus grande. Des difficultés multiples assaillent les Partis politiques à cause du manque de fonds de roulement. Il est impératif pour le bien du Tchad que le parlement vote une loi sur le financement de tous les partis politiques afin qu'un vrai débat démocratique ait lieu et que des propositions constructives puissent être élaborées et mises en oeuvre suite à cet échange d'idées.


Pendant ce temps, les partis satellisés s’habituent à vivre dans le pouvoir comme des sangsues, cherchent leurs marques, titubent puis s’émiettent les uns après les autres. L’opposition officielle et le groupe des partis sangsues ont l’un et l’autre choisi la modération pour l’instant afin de ne pas ramer à contre courant. Ils savent que l’on ne combat pas un leader qui surfe sur une vague de popularité. Mais les cycles politiques sont désormais courts et l’électorat volatile.


Le PLT a annoncé qu’il prendra deux ou trois ans pour s’organiser et construire ses assises. S’il veut rester un parti d’idées, il lui faudra aussi bâtir un projet nouveau. Les partis essoufflés, quant à eux, n’ont pas d’autres options que d’attendre que les effets du raz de marée du 3 Mai dernier s’estompent. En l'état actuel des choses, le PLT est la seule alternance démocratique possible et il est le seul parti politique capable de mener le Tchad vers la prospérité.


L’effacement de l’opposition a permis au MPS d’exercer un pouvoir absolu. Ce contrôle sans partage de tous les centres de décision donne le vertige et fait perdre le sens des priorités. Suite au simulacre d'élection dénoncé par tous les partis démocratiques tchadiens, le PLT n'a pas eu l’occasion d’engager un maximum de réformes en un minimum de temps. Bientôt il sera trop tard. Le gouvernement tchadien n’osera plus entreprendre des réformes en 2006.


Contrairement à une campagne électorale qui se construit sur des slogans, une économie saine se fonde sur une vision, du travail, des efforts et du sacrifice. Sur ce front, la bataille sera rude mais il est possible de la remporter. Si les politiques rendent les armes, il reviendra au génie tchadien, comme toujours, de relever le défi. C'est ce que le Parti Libéral du Tchad espère pour le bien de tous. Alors...



Tchadiennes, Tchadiens, rejoignez le Parti Libéral du Tchad,
le parti des Droits et Libertés :
Paix, Éducation, Emploi et Prospérité,
pour le vrai changement :
Prospérer au Présent et Investir dans l'Avenir


Mika-L. Yondoloum
Président du Parti Libéral du Tchad
B.P. 1023 N'Djamena, République du Tchad


PS: notre nouveau Forum de démocratie participative et de réconciliation nationale est ouvert à tous, n'hésitez à poster vos réflexions, propositions et suggestions

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