jeudi 7 décembre 2006

Modernisons le Tchad tous ensemble

N’djamena, le 7/12/2006
Communiqué de presse du Parti Libéral du Tchad
PLT/Economie - Administration/Moderniser le Tchad


Ci-dessous quelques réflexions largement inspirées de l'excellent article Ensemble, modernisons la France écrit conjointement par le Président d’Energies2007, un sénateur du Parti Socialiste français et un sénateur UMP, comme quoi, malgré les différences de niveau de développement et de situation politique des divers pays composant le monde et par delà les divergences de vision idéologique des leaders de la vie publique, toutes choses sont égales par ailleurs dans une économie globale.... alors nous aussi


Tous ensemble, modernisons le Tchad


Par manque de compétence, de lucidité, de vision et de courage politique, la puissance publique tchadienne a peu à peu perdu contact avec la modernité, s'est déconnectée de la réalité des Tchadiens, n'a pas su favoriser le développement du Tchad et l'a même mis des années derrière toutes les autres nations. La situation s’est aujourd’hui dégradée à un point tel que l’équipe dirigeante ‘’élue’’ en mai 2006 sera investie d’une responsabilité historique dont elle n'a même pas conscience. Si Ndjaména ne renoue pas avec le dynamisme et n'arrive pas à découdre une bonne fois pour toutes le processus de désunion des régions qui menace notre unité nationale, alors le pays sera stoppé et l’ambition d’une société solidaire dans une économie de marché prospère sera réduite à néant. Rien ne pourra alors juguler les sources de conflits et contrebalancer l’hégémonie des puissances et surtout de pays tels que le Soudan et la Libye, avec des risques majeurs pour la paix au Tchad et par ricochet des risques élévés de déstabilisation généralisée dans la sous-région puis partout en Afrique.

La tâche est immense et ne peut plus être repoussée, sauf à prendre le risque de voir le Tchad se désagréger dans des convulsions violentes. Mais la tâche est aussi délicate, elle ne pourra être menée à bien le moment venu que si elle a été bien préparée en amont et en collaboration avec l'ensemble des acteurs de la vie politique, économique et civile tchadienne. C’est pourquoi nous estimons que la réconciliation nationale par le dialogue sans exclusive est indispensable et doit être effectivement mise en oeuvre dès aujourd'hui et que la responsabilité des élus et leaders de la société civile est de mettre à profit les quelques mois qui nous séparent des échéances électorales pour créer les conditions d’un sursaut collectif.

Dans ce but, nous avons décidé dès mai 2006 d’unir nos forces au sein d’un comité d’action pour la modernisation du Tchad (voir le programme détaillé du PLT, téléchargeable au format PDF). Cette démarche au dessus des partis politiques, par delà nos différences de point de vue et avec la participation de toutes les forces vives du Tchad est rendue possible par un diagnostic partagé et des convictions identiques sur la méthode pour réformer.

Le diagnostic peut être résumé en trois grands points.


Premièrement, malgré les recettes pétrolières inespérées dont elle bénéficie depuis plus de trois ans maintenant, l’économie tchadienne patine. Elle ne contribue pas au dynamisme des Tchadiens, elle gâche ses potentiels et elle ne profite pas des nouvelles possibilités qu'offre l'environnement international (liberté d'exporter dans le monde entier, commerce équitable, consommation éthique, délocalisation des manufactures et usines occidentales, etc., et croissance des capitaux internationaux disponibles et prêts à investir dans tout pays stable et en paix), ce qui se traduit par une croissance molle et de plus par une paupérisation toujours croissante.

Deuxièmement, rares sont les domaines d’intervention de la puissance publique qui n’ont pas besoin d’une refonte de leurs modes de fonctionnement. Éducation, santé, solidarités, armée, aménagement du territoire, agriculture, recherche… partout l’organisation est inadaptée. A tel point que même une augmentation des ressources financières de l'Etat (prévues en mars 2007) et éventuellement de l'aide internationale ne permettrait pas de progrès sensibles.

Troisièmement, l’endettement de l’État, la corruption, la prévarication et le détournement de deniers publics ont atteint un niveau insoutenable. Ces quatre faits fragilisent tout notre édifice national et obèrent notre avenir. La dette est une contrainte qui impose que les réformes indispensables s’accompagnent d’une baisse globale de la dépense publique de l’ordre de 20%. Et ce au moment où un effort devra être consenti pour sortir le Tchad de son enlisement - politique, financier, économique, social, sanitaire, scientifique et culturel - et le mettre sur les rails de la prospérité. Mais cette contrainte peut aussi être une chance. En effet, éteindre un problème en distribuant des subsides et des passe-droits n’est plus une option disponible : quand les caisses sont vides, la démagogie, l'inconscience et la lâcheté ne peuvent que s’effacer devant l’intelligence, la volonté et le courage.

La méthode pour réformer repose sur trois points fondamentaux.
D’abord, toute réforme doit s’appuyer sur une analyse lucide et préalable. Le scénario classique d’une élection présidentielle, législative ou municipale voit les candidats multiplier les promesses, avant que l’heureux élu ne commande un audit pour voir ce qu’il va être possible de tenir… ou ne fasse rien du tout ou rien de mieux que son prédécesseur. Il faut inverser cette logique, les propositions des candidats doivent être basées sur un audit préalable. Pour 2007, un rapport national sur la dette publique constitue un tel audit.
Par ailleurs, pour que la population puisse faire un choix éclairé avant de voter pour un candidat, il est impératif que les divers candidats puissent mener normalement leur campagne électorale et établir un programme de société réalisable, basé sur ce qu'il est possible et nécessaire de faire pour apporter des solutions pratiques aux besoins concrets des populations tchadiennes et pour améliorer effectivement la situation générale du pays.

Ensuite, on ne peut réformer que de façon globale et cohérente. La méthode des petits pas successifs et parfois contradictoires est vouée à l’échec car chaque petit pas se heurte à l’incompréhension – et donc aux résistances – des populations concernées. Tant et si bien que la succession de petits pas se termine par un piétinement inefficace, coûteux et démoralisant. Par ailleurs, ne rien faire pour ne pas choquer les mentalités ou préserver les privilèges de certains serait irresponsable. Non seulement l'inertie actuelle est coupable, mais se taire ferait insulte à l'intelligence des Tchadiens. D'autre part, nous avons tous les moyens et ressources nécessaires pour faire du Tchad une nation moderne et prospère.
Enfin, il n’y a pas de réforme possible sans légitimité électorale et donc aussi bien sûr sans une véritable démocratie, sans un vrai débat démocratique et sans une presse privée réellement libre. Seules les réformes clairement présentées et bien expliquées (ce qu'il faut faire, pourquoi et comment y arriver) pendant la campagne électorale pourront être mises en oeuvre et menées à bien. Il est donc indispensable que les élections se déroulent dans un climat serein et qu'elles soient véritablement libres et transparentes.

Conséquence de ces trois aspects fondamentaux, c’est en amont de la campagne électorale que se joue la modernisation du Tchad et l'avenir des Tchadiens. Aussi, pour créer les conditions de la transformation sociale du pays, nous souhaitons rencontrer tous les acteurs désireux de contribuer à la définition d’un nouveau pacte social pour prospérer au présent et investir dans l'avenir. Les différents syndicats, bien sûr, mais aussi le monde associatif (les associations nationales et les ONG) et plus largement les corps constitués qui souhaitent jouer un rôle dans l’évolution du pays. Au terme de ces échanges, nous présenterons les grandes lignes d’un pacte social en prise avec le monde d’aujourd’hui, ainsi qu’une méthodologie pour le mettre en œuvre. D'une part, il est possible de réveiller le génie créateur des Tchadiens pour trouver les bonnes solutions, et d'autre part, le Tchad dispose de tous les talents utiles pour réussir.

Ce « manifeste pour la modernisation » sera rendu public fin janvier 2007, peu de temps avant que chacun des candidats à l’élection législative ne dévoile la vision du Tchad qu’il propose aux Tchadiens. Né de discussions avec la société civile, le manifeste sera soumis à l’approbation des milliers d’élus nationaux et locaux qui auront à jouer le rôle crucial de pédagogues pour que le Tchad relève les défis qui l’attendent.

Notre démarche est fondée sur l’optimisme et la confiance dans l’aspiration des Tchadiens à une fraternité renouvelée et à une prospérité trop longtemps attendue. Selon nous, l’idée d’un Tchad irréformable est non seulement un renoncement coupable, mais aussi un contresens historique. Au cours de notre longue histoire qui remonte au IVe siècle avant J.-C. (civilisation Sao, empire Kanem Bornou, etc.), il est souvent arrivé que des hommes et des femmes de bonne volonté ont mis en commun leurs énergies pour initier les changements et eut toute la volonté nécessaire pour faire ce qu'il fallait afin de permettre au Tchad de se développer et de rayonner. Les derniers exemples remontent à 1958 et 1960, et à 2006 qui a vu à la fois un appel commun de tous les partis politiques pour s'opposer au simulacre de l'élection présidentielle, un boycott quasi-général de la part des populations sur tout le territoire et une forte mobilisation pour arriver à faire libérer Mahamat Abbo Silek, président de l'ANR. C’est d’une impulsion collective de cet ordre dont notre pays à aujourd’hui besoin pour que s’expriment tous ses potentiels de créativité et de solidarité. Nous savons que c’est indispensable, nous voulons prouver que c’est possible.

MIKA-L. YONDOLOUM
Président fondateur du PLT
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