Merci au PS de soutenir le dialogue avec tous les partis politiques tchadiens
N’Djamena, le 12/12/2006
Communiqué de presse du Parti Libéral du Tchad
Tchad / Vie politique / Soutien du Parti Socialiste français
Le PS français soutient le dialogue avec l'opposition tchadienne
Suite au communiqué de presse du Parti socialiste français (PS) paru dans L'Express du 11/12/2006 et dont copie a été transmise à la PANA, le Comité de soutien du président du Parti Libéral du Tchad est très heureux de savoir qu'un des plus importants partis politiques français soutient l'opposition démocratique tchadienne, toutefois nous tenons à apporter les précisions et commentaires ci-dessous qui soulignent l'importance du dialogue. En bref, ce que nous souhaitons c'est un dialogue inclusif.
Comprenant la situation de pauvreté du pays, les Tchadiens ont attendu avec patience que leur conditions améliorent. Mais, avec tous les revenus pétroliers qui sont maintenant à la disposition du gouvernement tchadien, il n'a plus aucune excuse. Il est temps dès aujourd'hui qu'il mette en place une véritable démocratie permettant à tous de prospérer. De plus, compte tenu de tous les détournements de fonds publics qui ont lieu, et aussi de la corruption et de la prévarication qui gangrènent le pays, il faut éviter que ces revenus ne profitent qu'à une petite poignée d'individus. Seul un véritable dialogue permettra au pays de se sortir de son enlisement politique, financier, économique, social, sanitaire, scientifique et culturel.
Et nous espérons que, prenant conscience de la triste réalité du Tchad, tous les autres partis politiques français, notamment l'UMP qui est actuellement au pouvoir, emboîteront le pas pour demander au gouvernement de M. Jacques Chirac de ne plus soutenir sans condition le régime du président Idriss Deby Itno et d'inciter fermement - mais diplomatiquement et dans le respect de notre souveraineté nationale - le gouvernement tchadien à dialoguer de manière franche et sincère avec l'ensemble des responsables tchadiens qui influencent d'une manière ou d'autre le paysage politique tchadien. De plus, pour qu'il soit effectif et constructif, ce dialogue doit faire partie de la vie politique tchadienne et est à commencer par un Forum de réconciliation nationale au cours duquel les propositions et doléances de chacun seront écoutées et bien sûr prises en compte pour instaurer une véritable démocratie digne de ce nom, basée sur un Etat de droit, avec des mécanismes de concertation, d'expression et de participation et des comités de gouvernance et de surveillance pour assururer une gestion transparente des fonds publics.
Autrement dit, pour instaurer une véritable démocratie et pour bien préciser la volonté unanime de tous les Tchadiens, ce dialogue doit être global et sans exclusive, c'est-à-dire avec l'ensemble des leaders
- ceux de la classe politique tchadienne (ce qui inclut les autorités tchadiennes, les leaders des partis qui ont des députés au Parlement et tous les dirigeants des différents partis et mouvements politiques tchadiens qui n'ont pas de représentants élus faute de véritables élections libres et transparentes, à savoir non seulement les représentants de tous les partis légalement enregistrés au Tchad, mais aussi tous les leaders politiques qui se sont exilés à l'étranger pour protéger leur vie, ou par peur d'un retour en arrière, comme avant le commencement du processus de démocratisation du pays, ainsi que tous les chefs des divers groupes politico-militaires qui sont des patriotes épris de paix tels que par ex. l'ANR, comme l'étaient les résistants qui combattaient le régime de Vichy pendant la 2e guerre mondiale, c'est-à-dire ceux qui ont la volonté de briser le cercle vicieux de la violence, qui ne cherchent pas à changer la nature du régime en place uniquement par la force, par désespoir de cause et faute d'une solution démocratique, et par dessus tout qui ne cherchent pas à renverser le régime par un coup d'état militaire et seulement pour s'accaparer du pouvoir), et
- ceux de la société civile (à savoir tous les responsables des différentes associations tchadiennes et des syndicats présents au Tchad, ainsi que les représentants de la Diaspora tchadienne qui oeuvrent à travers divers réseaux d'influence et organisations présents dans divers pays étrangers et qui, rappelons-le, ont un poids important sur la scène politique tchadienne et peuvent aider le Tchad à se sortir de sa crise politique).
En effet, pour que le Tchad connaisse enfin la paix et puisse prospérer, que toutes les populations puissent vivre en sécurité sur l'ensemble du territoire et voir leurs conditions de vie s'améliorer, et que les Tchadiens et les plus de 250.000 réfugiés soudanais qui vivent à l'Est du Tchad, ainsi que les plus de 2,5 millions de Soudanais qui fuient la région du Darfour, ne soient pas contraints de rejoindre les rangs de groupes rebelles qui cherchent à recruter et qu'ils ne subissent plus les exactions (meurtres, viols, massacres en masse, etc.) de milices et de bandes armées de toutes sortes, nous ne le répèterons jamais assez, il est fondamental que ce dialogue soit inclusif.
Sinon, d'une part au plan politique, il n'y aura jamais de réconciliation nationale et le processus de démocratisation ne pourra pas se poursuivre normalement, comme promis par le Président Idriss Deby Itno, et d'autre part, au plan économique, toutes les forces vives du Tchad ne pourront pas participer au développement du pays.
Par ailleurs, s'il n'est pas mis un terme à la situation de guerre civile larvée au Tchad (ce qui est une des conditions essentielles pour résoudre la crise au Darfour où un génocide est en train de se dérouler devant les yeux par trop indifférents ou impuissants de la Communauté internationale et pour stopper à l'Est du Tchad les opérations de nettoyage ethnique des milices Janjawids), il y a de grands risques de déstabilisation de toute la région et, par effet de dominos, de toute l'Afrique. Il faut en effet savoir notamment qu'en Afrique divers groupes ethniques sont à cheval sur les régions frontalières (par exemple les Zaghawas, Masalits et Dajos) et sont même présents dans plusieurs pays (par exemple les Touaregs et autre peuples berbères qui habitent dans toute l'Afrique septentrionale et saharienne). A ce propos, comment peut-on espérer que le gouvernement Deby arrive à négocier avec le Soudan s'il n'arrive même pas à dialoguer avec son propre peuple? La solution à la crise humanitaire du Darfour et celle à l'Est du Tchad commence par l'instauration d'un véritable dialogue au Tchad.
C'est pourquoi nous sommes fort étonnés de lire que "le Parti socialiste français apporte son soutien à la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC)". Nous aurions espéré qu'il n'apporte pas son soutien seulement à une des composantes de l'opposition tchadienne, la CPDC, mais, d'une manière plus large, qu'il offre son appui à l'ensemble des partis politiques tchadiens. C'est certes un important groupement de partis politiques de l'opposition tchadienne, mais il ne constitue pas à lui tout seul l'ensemble de l'opposition démocratique.
Il y a différents autres partis, anciens et nouveaux, en qui de nombreux Tchadiens de toutes les régions et de toutes les religions placent leurs espoirs, dont le Parti Libéral du Tchad qui bénéficie de l'appui de plus de 12% de la population tchadienne et qui a implanté en quelques mois seulement plus d'une vingtaine de bureaux à travers tout le pays.
Ce n'est pas parce qu'une grande partie de la majorité silencieuse nous soutient, que beaucoup de nos sympathisants sont pauvres ou de jeunes diplômés sans emploi et que d'autres partis et groupes armés font la manchette des journaux qu'il faut considérer que nous n'existons pas. Bien au contraire, si on considère le nombre de militants qui nous rejoignent chaque jour de plus en plus, le PLT représente maintenant une des plus grandes forces de l'opposition démocratique, le seul parti tchadien avec un vrai programme de société, le seul mouvement populaire ouvert à tous les Tchadiens et Tchadiennes et qui n'est pas basé sur des critères claniques, ethniques ou confessionnels, et selon toutes vraisemblances la seule alternance démocratique possible capable de regrouper toutes les bonnes volontés pour constituer un gouvernement d'union nationale oeuvrant pour la paix, la concorde et la prospérité des Tchadiens. La vertu des gens épris de paix est d'être silencieux, mais notre force tranquille ne doit pas être assimilée à une absence de volonté de faire bouger les choses pour le mieux.
D'autre part, quoique le geste est grandement apprécié par les Tchadiens, nous tenons à le souligner encore, ce qui est important ce n'est pas simplement de soutenir l'opposition démocratique tchadienne mais c'est aussi et surtout de favoriser le dialogue entre le gouvernement du Président Deby et l'ensemble des acteurs de la vie politique tchadienne, ce qui inclut donc les différents groupes politico-militaires. Car, tout simplement, sans véritable volonté de dialogue véritable il n'y a pas de démocratie possible. Si la Communauté internationale n'incite pas fermement les dirigeants du régime MPS (Mouvement Patriotique du Salut) au pouvoir à dialoguer, et donc à entendre les doléances et propositions des différents partis et mouvements politiques et à les faire participer au développement du Tchad, l'opposition tchadienne continuera à parler dans le vide... Et à plus ou moins moyen terme, il y a malheureusement de fortes chances que la situation dégénère en guerre civile sanglante ou qu'un groupe de rebelles à la solde d'une puissance étrangère renverse le président en place, ce que nous voulons éviter à tout prix.
Il est également important que tous les leaders des groupes politico-militaires patriotiques s'assoient à la table de négociation, car tant et aussi longtemps que l’Armée nationale tchadienne (ANT) sera occupée à courir après les groupes rebelles à travers un vaste territoire (deux fois et demi plus grand que la France, presque aussi vaste que le Québec et plus grand que toute l'Europe de l'Ouest), elle laissera sans défense de longues portions de la frontière avec le Soudan (plus de 1200 km difficiles à surveiller) et ainsi les milices Janjawid pourront continuer en toute impunité à lancer des raids sur la région Est du Tchad. Nous voulons que cessent toutes les souffrances des populations civiles. Le seul moyen d'y parvenir est de dialoguer, car la solution n'est pas militaire mais politique, tant au plan national qu'en ce qui concerne nos relations avec le Soudan.
Enfin, il convient de rappeler que la plupart de ceux qui luttent contre le régime de Deby Itno les armes à la main (à savoir les patriotes tchadiens qui n'ont aucun lien direct ou indirect avec le Soudan et ceux non issus de sa famille ou de son clan) ne l’ont fait que contraints parce que le pouvoir tchadien en place ne leur a laissé aucun autre choix de combat politique ou parce qu'ils ne croient pas qu'il est possible de changer par des voies démocratiques légales et sans violence la nature du régime. La mise en place d'une véritable politique de dialogue permettra de leur redonner espoir en la démocratie et de les amener à cesser le combat et à retourner dans leurs casernes. Il est important de noter aussi que les militaires tchadiens qui ont rejoint les rangs de la rébellion armée ne combattent pas tous absolument pour renverser à tout prix le régime par la force mais pour amener une véritable démocratie au Tchad. D'ailleurs, il est à souligner qu'ils n'ont intenté aucune action pendant 7 mois, de fin avril à fin novembre 2006, c'est-à-dire tant et aussi longtemps qu'ils croyaient que les diplomates étrangers arriveraient à convaincre Deby de dialoguer et de changer la nature du régime. Il faut que les violences cessent, de part et d'autre, pour le bien du Tchad et aussi pour la paix en Afrique et dans le monde.
Nous espérons aussi que l'appui des responsables politiques français ne sera pas seulement un simple soutien moral et purement verbal, quoique nous l'apprécions grandement, mais que le gouvernement français fera aussi tout son possible auprès du gouvernement tchadien pour favoriser concrètement le dialogue, notamment, par exemple,
- en permettant aux responsables des différents partis et aux journalistes de la presse privée tchadienne de pouvoir s'exprimer en toute liberté et sécurité, et donc sans craindre d'être arrêtés, torturés et liquidés (et ce que cette peur soit fondée ou non, car dans l'un et l'autre cas il ne peut pas y avoir de véritable liberté d'expression),
- en donnant aux partis les moyens matériels et financiers nécessaires pour pouvoir se développer, débattre démocratiquement et s'exprimer (local, bureau, équipement, voiture, etc., et du papier pour pouvoir diffuser leurs idées) et pour que le peuple puisse décider en pleine connaissance et en toute conscience au terme de véritables campagnes électorales, car rappelons-le les partis de l'opposition ne bénéficient d'aucun financement public et la plupart des militants sont bien souvent trop pauvres pour payer même une petite cotisation, et bien sûr
- en envoyant des observateurs internationaux pour que les prochaines élections législatives et municipales se déroulent normalement et dans un climat de paix et qu'elles soient vraiment démocratiques, libres, équitables et transparentes.
Nous notons aussi avec plaisir que le Parti socialiste français appelle le gouvernement français à conditionner l'aide française à la tenue d'un véritable dialogue politique au Tchad. Comme chacun le sait, en visite au Tchad fin novembre 2006, le Premier ministre français Dominique de Villepin avait rappelé l'importance de "l'esprit d'ouverture, de rassemblement et de dialogue entre Tchadiens". C'est bien que le Premier ministre en appelle au dialogue entre Tchadiens, mais cela n'est pas suffisant, car tous les précédents appels amicaux du Président français Jacques Chirac et de son Ministre des affaires étrangères sont restés lettre morte.
Quoique nous aurions préféré que le gouvernement français fasse pression pour annuler les résultats du scrutin de mai qui sont entachés de fraudes et donc que de nouvelles élections présidentielles vraiment démocratiques aient lieu sous l'égide de l'ONU, nous soutenons la proposition du PS qui lui "demande d'agir en conséquence et de conditionner l'aide française au Tchad, qu'elle soit politique ou militaire, à la tenue d'un véritable dialogue politique, dans l'esprit des accords de Cotonou".
Enfin, comme l'a dit en 2005 M. Alpha Oumar Konaré, ex-président du Mali, l'Afrique "doit définitivement dire non aux conflits et aux guerres, non aux coups d'État pour lesquels (...) nous devons prôner la tolérance zéro. Pour ce faire, nous devons veiller à ce que partout la légalité se pare de légitimité (...). Si ce n'était le cas, nous ouvririons la voie à une épidémie de coups d'État, de révolutions de palais, de manipulations constitutionnelles (...)". C'est pourquoi le PLT appelle encore une fois tous les partis politiques de la France et des pays amis à faire pression sur leur gouvernement respectif pour qu'il demande au Président Deby de faire tout le nécessaire pour qu'un véritable dialogue politique soit instauré au Tchad.
Le Comité de soutien de
MIKA-LELITA YONDOLOUM
B.P. 1023 N'Djamena, République du Tchad
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