jeudi 30 novembre 2006

Merci a la France pour soutenir la paix au Tchad

N’djamena, le 01/06/2006
Communiqué de presse du Parti Libéral du Tchad
PLT / Communauté internationale / Soutien de la France
Merci à la France qui soutient la paix, démocratie et la prospérité au Tchad

Le Comité Exécutif du Parti Libéral du Tchad (PLT) remercie sincèrement le président de la République française, M. Jacques Chirac, pour avoir adressé, le mercredi 31 mai, un message de félicitations à son homologue tchadien, M. Idriss Déby Itno, "tout en souhaitant que" son nouveau mandat "favorise le retour de la paix et de la stabilité au Tchad". C'est un message certes assez diplomatique, mais très ferme, clair et précis, car il n'a échappé à personne que la France, comme l'ont fait maintes fois diverses personnalités catholiques, musulmanes et d'autres croyances, a officiellement appelé le gouvernement tchadien à la paix et à la réconciliation nationale et lui a demandé d'accepter de dialoguer avec l'ensemble des partis et mouvements de l'opposition tchadienne qui veulent la paix.

Encore une fois, merci M. Jacques Chirac pour la porte que vous ouvrez vers la démocratisation, car de notre côté, avec toute l'opposition, nous sommes prêts à dialoguer depuis fort longtemps.
Merci aussi pour avoir entendu enfin la voix des démocrates tchadiens et perçu la détresse des patriotes pacifiques, car depuis des années nous attendions ce signe, ce FEU VERT pour une solution pacifique.

Nous comprenons vos précautions oratoires. Cependant, M. le président Jacques Chirac, il vous faut savoir que ce langage diplomatique, explicite mais feutré et empreint de respect, passe mal. Pour de nombreux leaders de l’opposition démocratique légale, de la société civile et des autres forces tchadiennes qui luttent comme les résistants du temps du régime de Vichy ou veulent faire la même chose que les militaires lors de la Révolution des oeillets au Portugal, le fait de féliciter M. Idriss Deby Itno pour une élection indigne d'une démocratie pourrait être interprété comme une provocation intolérable et être éventuellement considéré par certains comme une caution du régime actuel ou un acte qui porte attente au processus démocratique voulu par toute la population tchadienne.

C'est pourquoi, encore une fois, nous demandons à M. l'ambassadeur de France, Jean Pierre Berçot, de bien vouloir recevoir les leaders de l'opposition démocratique pour définir les voies et moyens pour mettre effectivement en oeuvre la politique de dialogue que soutient toute la Communauté internationale, notamment les États-Unis dont son sous-secrétaire d’État américain adjoint chargé des affaires africaines, M. Donald Yamamoto, a dit qu'ils "sont prêts à aider le Tchad à amorcer un dialogue".

Si tout le monde veut que la négociation par le dialogue à l'africaine, non violent, positif et constructif, prime sur la force, alors commençons par nous asseoir tous autour d'une table. Nous somme prêts à dialoguer. Et si certains se demandent "comment élaborer un programme politique clair pour un dialogue sérieux avec l'ensemble des acteurs politiques", soyez assurés, Mesdames et Messieurs les diplomates, que les partis politiques tchadiens ont toutes les aptitudes nécessaires pour mettre en place et mener à bien une politique de dialogue en vue d'instaurer la paix et la démocratie. Nous avons des élites bien formées et des conseillers qui savent comment faire. Mais pour dialoguer, il nous faut une table pour nous asseoir tous ensemble autour! C'est l'aide que nous attendons de la France: convaincre le président Idriss Deby Itno de nous asseoir tous ensemble autour d'une table.

Pour apprécier nos capacités, il vous suffit de constater l'évolution de la situation politique depuis que notre président, M. Mika Lelita Yondoloum est revenu d'exil fin janvier 2006, et surtout depuis que le Parti Libéral du Tchad a été accrédité fin avril. Grâce notamment à ses talents de catalyseur et de rassembleur, à la ferme volonté de dialogue de tous les partis et mouvements politiques tchadiens, à l'esprit démocratique et pacifique qu'insuffle le président de l'ANR, M. Mahamat Abbo Sileck, aux propositions et suggestions des responsables de la société civile, à la grande sagesse des anciens, au savoir des jeunes et des cadres et aux diverses initiatives des uns et des autres, et surtout essentiellement grâce au peuple qui soutient nos efforts et nous encourage, de formidables progrès ont été réalisés.

L’opposition de la haine contre le régime MPS de certains chefs rebelles, avides de pouvoir ou incités à la rébellion violente par le comportement de certains irresponsables autour du président Déby, est en train de disparaître complètement. Elle cède maintenant la place à une opposition de l'amour pour le peuple de la quasi-totalité des leaders. Tous les petits groupes de mercenaires à la solde d'intérêts étrangers et de bandits sans foi ni loi, qui cherchaient à déstabiliser le Tchad ou à en profiter, sont en train de se réduire en une peau de chagrin. Le FUC n’existe pratiquement plus, et tous les autres groupes armés belliqueux sont moribonds. Pratiquement tous les patriotes épris de paix ont rejoint l’opposition démocratique, soit armée, en ce qui concerne les militaires démocrates, ou légale en ce qui concerne les militants de plus en plus nombreux des divers partis démocratiques. Le bon grain a été séparé de l'ivraie. Les souffrances de l'hiver se terminent, et le printemps de tous les espoirs s'en vient.

Par ailleurs, nous sommes également très heureux d'apprendre,
- 1) d'une part, que le président Idriss Déby Itno a enfin "l'intention de favoriser un dialogue politique avec l'ensemble des forces tchadiennes qui refusent le recours à la violence", et
- 2) d'autre part, que "la France apportera son soutien à (sa) volonté d'ouverture".
Il est effectivement temps, après plus de 16 ans de pouvoir autocratique, que le président Idriss Déby Itno accepte enfin de "réformer l'unité nationale et de restaurer la concorde à laquelle aspire la population tchadienne".

Alors dialoguons! Qu'attendez-vous? En effet, tous les Tchadiens et Tchadiennes n'aspirent, depuis plus de 30 ans, qu'à l'instauration d'un État de droit et d'une vraie démocratie, à la fois représentative et participative, qui permette à tout le monde de vivre en paix et en sécurité et qui favorise la prospérité de toutes les populations du Tchad, et tout d'abord qui mette fin à la pauvreté généralisée et à la paupérisation des plus pauvres et démunis.

Nous rappelons toutefois au président français, aimablement et avec tout le respect qui lui est dû, ainsi qu'à la communauté internationale que nous nous devons d'informer pour qu'elle connaisse la réalité de la situation politique tchadienne, que le président tchadien ne commence pas un "second mandat", mais bel et bien une "quatrième période de règne".
En effet, le chef de l'État tchadien est
1) arrivé au pouvoir par les armes en 1990, suite à un coup d'État contre Hissène Habré, et ce en promettant de manière solennelle de démocratiser le pays, puis
2) s'est arrangé pour se faire élire en 1996 (au lieu de 1995 comme promis), puis
3) s'est fait réélire en 2001, toujours de manière peu démocratique, et
4) il a pu se présenter à l'élection du 3 mai dernier grâce à une révision constitutionnelle très controversée en 2005, car cette modification lui permet d'être président à vie, ce que le peuple tchadien ne veut pas.

A chaque fois, il nous a promis la démocratie. Depuis maintenant 5656 jours, il nous fait la promesse de démocratiser son régime. Depuis plus de 137700 longues heures, nous lui tendons la main de la paix et cherchons par tous les moyens à dialoguer démocratiquement avec lui. Connaissez-vous un autre peuple qui soit aussi calmement patient et aussi globalement pacifique dans sa volonté inébranlable d'instaurer la démocratie?

Tout ceci explique pourquoi l'ensemble de l'opposition n'a présenté aucun candidat et pourquoi la population a massivement boycotté cette mascarade d'élection, et ce toujours dans le calme, la dignité sereine et sans aucune violence. Et, pour information, plus de 90% des électeurs se sont abstenus de voter ou ont voté nul ou en blanc sur les 20 à 30% du territoire qui est contrôlé par l'armée tchadienne, et pratiquement aucun électeur ne s'est présenté dans l'un ou l'autre des bureaux de vote sur les 70 à 80% contrôlés par les groupes politico-militaires, car le moins qu'on puisse dire c'est qu'il ne régnait pas un climat de sécurité propice à des élections libres et sereines.

Lors du sommet Euro-Méditerranéen de Tunis en 2003, vous avez très justement déclaré, M. le président Jacques Chirac, que la démocratie, c’est que tout le monde puisse manger à sa faim, avoir accès aux soins de santé et bénéficier d'une bonne éducation. Alors, le régime MPS n'est vraiment pas un exemple de démocratie. Savez-vous pourquoi nous ne faisons pas la grève de la faim, comme certains - sûrement de bonne volonté, mais qui ne connaissent pas notre profonde misère - nous l'ont suggéré pour manifester publiquement notre désir de démocratie? Parce que nous crevons tous déjà de faim! Si de généreuses personnes ne nous aidaient pas de temps en temps, nous serions morts à l'heure actuelle. Si nous vivons et luttons encore, c'est parce que le souffle vital de la démocratie est en nous et que nous voulons absolument donner une autre vie à notre peuple : pouvoir Prospérer au Présent et Investir dans l'Avenir.

Aussi rassurez-vous, nous sommes de dignes démocrates pacifiques, mais résolus, et notre fierté humaine fait que nous n'avons jamais demandé aux plus fortunés que nous de nous donner à boire et d'organiser des soupes populaires. La seule et unique chose que nous vous demandons, M. le président Jacques Chirac, c'est que vous demandiez d'urgence à votre ambassadeur d'arrêter de soutenir un régime qui nous paupérise et nous fait tous littéralement mourir de faim et d'amorcer concrètement le dialogue tel que vous l'avez demandé et que tous les +8 millions de Tchadiens et Tchadiennes qui sont derrière nous souhaitent.

Pour démontrer notre bonne volonté et souligner notre ferme intention de dialoguer, nous voulons bien faire table rase du passé, oublier toutes nos souffrances présentes et partir sur de nouvelles bases, notre condition essentielle étant de changer profondément la nature du régime, c'est-à-dire :
- 1) de mettre fin à la misère, à la corruption, à la concussion, à l'incompétence, au clanisme et la violence de certains responsables dont souffre tout le peuple tchadien, et
- 2) de commencer tout de suite le processus de démocratisation.

Nous attendons donc un message clair du président Idriss Deby Itno. Il est, bien sûr, entendu qu'aucun des opposants politiques ne devra être intimidé, torturé, exécuté ou emprisonné.

Comme le soulignent, régulièrement depuis des mois, le PLT et l'ensemble des autres partis démocratiques, ainsi que de nombreux groupes politico-militaires, dont l'ANR, il est important qu'un "véritable dialogue" s’instaure "entre toutes les parties concernées" (entre les responsables du régime MPS d'Idriss Deby Itno et tous les leaders de l'opposition, aussi bien démocratique légale que celle armée, et les responsables de la société civile) pour permettre à tous les Tchadiens et Tchadiennes de vivre enfin en paix et en sécurité et pour pouvoir construire tous ensemble une société plus humaine, toujours plus juste, plus fraternelle, plus solidaire et plus prospère.

Du côté de l'opposition, nous avons le plaisir et l'honneur de signaler qu'il y a maintenant une ferme volonté commune et unanime de dialoguer pacifiquement, dans le respect réciproque et la compréhension mutuelle, pour le bien commun du peuple tchadien et sur la base des valeurs qui unissent tous les Tchadiens et Tchadiennes.

Sauf par un petit groupe peu ou prou manipulé par des miliciens soudanais, avez-vous vu la moindre tentative de coup d'état au cours des derniers mois? N'est-ce pas une preuve suffisante, Mesdames et Messieurs les diplomates qu'après Deby il n'y aura pas de chaos, ni de "chaise vide", que nous ne voulons pas "passer de Charybde en Scylla" et que nous avons la ferme intention de briser le cercle de la violence?

Les 22 objectifs collectifs essentiels que nous avons recensés (dont les modalités restent à établir avec la contribution de tous) sont : État de droit dans lequel les pouvoirs publics sont soumis au respect de la légalité, Paix intérieure et à l'extérieur, Démocratie parlementaire avec un Sénat, représentative de tous les courants de pensée, non clanique & avec des campagnes électorales basées sur des programmes de société visant l'intérêt général, Protection des libertés publiques, République Laïque respectueuse des croyances de chacun, Respect des droits des personnes, Promotion de la femme & protection des enfants, Sécurité des biens et personnes, Justice équitable & égale pour tous, Solidarité entre toutes les régions, Éducation, Formation & Alphabétisation, Emploi & Création d'entreprises, Soins de Santé & Médicaments, Nourriture, Eau potable, Démocratie participative apportant des solutions pratiques aux problèmes concrets des gens, Gouvernement central agissant pour le bien commun & basé sur la compétence avec décentralisation progressive, Gouvernance efficiente & basé sur des objectifs clairs à réaliser, Transparence de la gestion des fonds publics & Lutte contre la corruption et la concussion, Exploitation responsable des ressources, pétrolières, aquifères et agricoles & Lutte contre la désertification, Développement durable & structurant, et Prospérité pour tous les Tchadiens et Tchadiennes, et les 3 principes fondamentaux sont : Réconciliation, Rassemblement et Participation de tous.

Cependant, cette aspiration commune de paix et de réconciliation nationale, unique dans l'histoire du Tchad, nous semble toujours bloquée par le pouvoir en place qui n'a pas encore concrètement commencer à mettre en oeuvre le processus de démocratisation voulu.

Le président Idriss Deby Itno est donc actuellement le seul et unique responsable de la triste situation du Tchad et des Tchadiens. De plus, son attitude, ou du moins le manque de volonté de dialoguer qu'affiche son régime MPS, incite dangereusement certains éléments moins patients à la rébellion, ce que nous voulons éviter à tout prix, car pour nous la vie des Tchadiens est précieuse. Entraîner tout le monde dans une guerre civile est un comportement irresponsable et totalement inadmissible de la part d'un chef d'état.

Au nom de tous les partis et mouvements politiques qui ne peuvent pas s'exprimer, le Parti Libéral du Tchad appelle donc encore une fois la Communauté Internationale à exercer toutes les pressions nécessaires pour arriver à faire comprendre au régime MPS qu'il faut qu'il change absolument la nature de son régime, et donc que le Tchad devienne une vraie démocratie respectueuse des droits et libertés de toutes les personnes, y inclus les journalistes et les opposants politiques.

Faute de quoi, il est inévitable que tôt ou tard l'un ou l'autre des groupes politico-militaires cherchera à renverser par la force le régime. Ce que nous voulons tous éviter à tout prix, parce que nous ne voulons que le sang tchadien coule et parce que l'histoire a démontré que tous les fomenteurs de coup d'état, au départ animés éventuellement d'un bon sentiment - comme l'était sûrement Deby en 1990 quand il a renversé le régime génocidaire d'Hissene Habré - veulent se faire "rembourser" tous leurs efforts et sacrifices en mangeant leur "part du gâteau" le plus longtemps possible. Ce qui entraîne la corruption, la concussion, le détournement des fonds publics, l'arrivée au pouvoir de responsables incompétents, pour ne pas dire illettrés ou ignares, un clanisme préjudiciable au peuple et qui fait que la richesse nationale ne profite qu'à une poignée d'individus, et par voie de conséquence une paupérisation grandissante.

Nous avons dit, la parole est maintenant au président.
Le Comité Exécutif du Parti Libéral du Tchad (PLT)
B.P 1023 N'Djamena, République du Tchad
Nouveau Forum de réconciliation nationale ouvert à tous

Aucun commentaire: